
De la fumée s'élève après la destruction d'une tour par des frappes israéliennes dans la ville de Gaza, le 15 septembre 2025 ( AFP / Omar AL-QATTAA )
"Nous avons sorti des enfants déchiquetés", lance Abou Abed Zaqout devant les décombres d'un immeuble frappé dans la nuit à Gaza-ville, où l'armée israélienne a lancé mardi une offensive majeure.
Au matin, il tente avec d'autres hommes de retrouver d'éventuels survivants ou les dépouilles des personnes qui se trouvaient dans ce bâtiment avant qu'il soit visé par une frappe aérienne israélienne, selon son récit.
La Défense civile de Gaza, une organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, a indiqué à l'AFP avoir découvert 12 corps après huit heures de recherches.
La famille Zaqout a rapporté la mort de 23 de ses membres dans cette frappe, dans un avis de décès.
Interrogée sur ce bombardement dans le quartier d'al-Tuffah, dans le nord-est de la ville, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.
"Il y avait environ 50 personnes à l'intérieur, dont des femmes et des enfants, je ne sais pas pourquoi ils ont été bombardés", témoigne Abou Abed Zaqout avec émotion.
Alors que des hommes peinent à extraire un corps d'un tas de morceaux de béton, le bourdonnement des drones israéliens ne cesse pas.
"Notre mort est proche, comme celle des autres habitants", commente une voisine, Mayssa Abou Jamaa, 38 ans, qui raconte que ses enfants ont été réveillés en pleine nuit, "terrifiés" par le bombardement.
La Défense civile a rapporté un bilan d'au moins 37 morts dans l'ensemble de la bande de Gaza depuis minuit.
- "Des cris sous les décombres" -
L'armée israélienne a annoncé mardi avoir lancé une offensive terrestre à Gaza-ville, qu'elle considère comme le "principal bastion du Hamas", le mouvement islamiste palestinien dont l'attaque du 7 octobre 2023 contre Israël a déclenché la guerre.
"Nous savons qu'il y a des milliers de terroristes du Hamas", a affirmé un responsable militaire israélien devant des journalistes, disant que les troupes entraient dans le centre de la ville.

Des Palestiniens fouillent les décombres après une frappe israélienne à Gaza-ville, le 15 septembre 2025 ( AFP / Omar AL-QATTAA )
D'après des témoignages d'habitants recueillis par l'AFP, les véhicules de l'armée se trouvent principalement dans le nord de la ville, ainsi que dans le sud, dans le quartier de Tel al-Hawa.
"Nous avons très peur", confie Ibrahim al-Bacheti, qui vit dans le sud de la ville, "beaucoup de personnes autour de nous sont parties et nous ne savons pas ce qui nous attend."
Après avoir entendu des explosions dans la nuit, il raconte être sorti dans son quartier, Sabra, pour découvrir un paysage de destructions.
"Nous avons entendu des cris sous les décombres" d'un bâtiment détruit, dit l'homme de 35 ans.
L'armée a largué des tracts sur son quartier dans la matinée, sommant les habitants de quitter les lieux, "même à pied", en raison de l'imminence d'opérations militaires.
- "Stop!" -
A la frontière avec le territoire palestinien, un photographe de l'AFP qui se trouvait du côté israélien a vu de gigantesques nuages de fumée s'élever autour de paysages dévastés par les bombardements.
Dans l'ouest de la ville de Gaza, lundi, la tour al-Ghafri a également été détruite par l'armée israélienne.
"Ils nous ont informés de leur intention de démolir la tour, alors nous sommes sortis", a raconté Ossama Abou Hassira, qui rejette les déclarations de l'armée affirmant que des bâtiments sont visés car ils servent à des "terroristes".
"Le seul objectif de Netanyahu, c'est nous pousser vers le sud", ajoute-t-il.

Un convoi de chars israéliens est déployé à la frontière entre Israël et la bande de Gaza, le 16 septembre 2025 ( AFP / Menahem KAHANA )
Les autorités israéliennes ont dit préparer l'accueil de Palestiniens fuyant le nord de la bande de Gaza vers le sud, dans une zone qu'elles qualifient "d'humanitaire", ce que contestent de nombreuses ONG opérant dans le territoire assiégé.
"Les dirigeants du Hamas, du Jihad, du Front populaire et du Fatah doivent faire la paix avec les Juifs, stop! Chaque jour, nous avons 200 martyrs", supplie M. Abou Hassira, en référence à des groupes palestiniens.
Autour de lui, tout est gris. Les passants, comme ceux qui se tiennent devant l'immeuble effondré d'al-Tuffah, regardent sonnés ce décor apocalyptique, un océan de ruines à perte de vue.
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